Fédération PCF 47 du Lot-et-Garonne

Alors que le président cubain, Raul Castro, était en visite en France, nous avons demandé à Jean-Claude François son avis sur ce pays qu’il vient une nouvelle fois de visiter.

Cuba est sans doute le pays qui a le mieux réussi l'amalgame des gens de multiples origines, de diverses couleurs… Cela fait du bien de le voir et de vivre ce mélange harmonieux, en arrivant d'une France si mal en point de ce point de vue là. Cela dit, les évolutions tant attendues et si tardives, même avec l'embargo US qui pèsent lourdement, les questions à se poser ne manquent pas. Les Cubains ont vécu plus de cinquante ans à se serrer les coudes et la ceinture, vu qu'il leur était interdit… de se développer! Cependant, on a plaisir à les voir toujours et tous propres. Ils ont partagé le peu qu'ils produisaient tout en bénéficiant d'une santé gratuite (une des meilleures en Amérique latine), d'une école et d'une éducation totalement gratuite tout au long de la vie. Résultat: 99,8 % du peuple est sorti de l’analphabétisme. Si bien qu'il s'y forme tant de médecins qu'ils partent par centaines dans d'autres pays amis…Vu l'état de l'économie, le salaire d'un médecin est d’une quarantaine d'euros par mois. Bien sûr que la pauvreté est là! Il y a quelques années, je suis allé quinze jours au Sénégal où j'ai pu voir la différence qui saute aux yeux avec le peuple Cubain. C'est la misère dominante là-bas. Le tourisme de masse est venu - après la fin de l'URSS en 1991- apporter une bouffée d'oxygène.

Des milliers et des milliers de familles ont aménagé une chambre dans leur maison pour y recevoir des touristes. C'est ainsi que nous allons avec mon épouse, chez des Cubains. Beaucoup de Français, d'Allemands, d'Italiens, de Hollandais, d'Anglais… font ainsi. Mais le tourisme n'a pas permis de développer des petites ou moyennes entreprises de productions qui leur manquent encore beaucoup. À mon avis la clé de leur avenir est là. Je suis persuadé que ce peuple peut amorcer un développement nouveau parallèlement à ce qui existe déjà. Quand j'en ai discuté avec des gens divers, et que je leur demandais comment ils voient venir la levée de l'embargo, j'ai eu des réactions assez réfléchies de la plupart des plus de trente ans. Ils y voient des risques pour leurs acquis de justice sociale du côté des Américains, s'ils ne sont pas « bridés ». Certains me disant: « je pense qu'ils feront ce que le peuple leur laissera faire ». D’autres éprouvant des craintes pour leur révolution. D'autres, « on ne peut pas en rester là ». Celles et ceux qui sont engagés dans le PC Cubain ont des avis assez divers et interrogatifs. En tout cas, l'évolution avance et va avancer de plus en plus vite si le blocus se lève enfin. Quant aux jeunes, ils aspirent fortement à « l’ouverture ». Ils en rêvent! Ils ne perçoivent pas comme leurs parents les risques… J'ai senti à travers la plupart d'entre eux qu'ils veulent un autre avenir à Cuba dans lequel ils rêvent de se construire en pouvant élever leur niveau de vie. Il est certain qu'ils ne peuvent pas en rester à la situation présente… Le revenu mensuel moyen minimum des Cubains est de quelque 20 à 30 euros. Sans doute ne savent-ils pas tous combien représente la gratuité totale de la santé et de l'école ? Même si la nourriture n'est pas chère, avec ce minimum, rien d'important n'est envisageable. Pour les jeunes, avec l'ouverture au monde, ils vont avoir à prendre leurs responsabilités… Voilà quelques impressions et réflexions très lapidaires. J'espère personnellement que ce peuple, en recevant les « investisseurs » pourra sauvegarder sa souveraineté et pourra construire un socialisme s'appuyant sur un développement des forces productives qui ne manqueront pas à Cuba.