Fédération PCF 47 du Lot-et-Garonne

Tarek Oubrouk est connu pour sa détermination d'inscrire la religion dans la culture française et non l'inverse. L'intervention lumineuse de l'imam n'a pas laissé indif- férent l'auditoire dans les deux sens. Très critique avec « la minorité musulmane qui dérape » ou « la qualité de la religion qui dépend de la qualité du croyant ». Il s'était manifesté contre les attentats en déclarant : « il faut tuer le monstre dans l'œuf ! ». Il rappelait qu’« une religion qui ne pense pas n'est qu'obscurantisme ». Un orateur qui n'hésite pas à utiliser les métaphores très plaisantes à la majorité de l'au- ditoire: « certains musulmans donnent l'impression de conduire une voiture avec un rétroviseur plus gros qu'un pare-brise! » S’excla- mait-il en évoquant une « lecture théologique médiévale » du Coran.

Il se moque également des musulmans qui ne reconnaissent pas l'imam en cravate (en se désignant). « Pour eux, il doit être sur un chameau, avec un turban ». « S'identifier par l'apparence est en substance contre-productif ; une djellaba ne garantit en rien l’identité religieuse »...

Tout cela pour défendre une pratique de l'islam« qui ne trouble pas l'ordre public ».

Pour lui, « la République est laïque mais le citoyen ne l'est pas. La laïcité n'est pas un qualificatif. Il faut respecter chaque conviction ». Une participante rétorquait : « vous ne parlez que du négatif! ». « On ne peut plus laisser cinq ou six terroristes pervertir l'ensemble de la religion musulmane...Il est temps de le prendre en compte. À ceux qui considèrent que la laïcité est contre les musulmans en France, il faut comprendre qu'en France on a gardé les traces de combats et de méfiance à l'égard des religions. La laïcité a été gagnée contre la religion catholique, mais elle garantit son exercice quand elle ne trouble pas l'ordre public ». Ce message n'est pas toujours bien perçu par quelques participants quand beaucoup d'autres remercient l'imam pour son apport. Pascal Lefèvre, pasteur protestant de Marmande-Tonneins confirme: « musulman ou chrétien, notre foi s’enracine dans nos modes de vie et nous invite à avoir certains comportements. La foi est une pratique. »

Le Recteur rappelait que dans le Coran, les textes ont été écrits dans un contexte où régnaient des violences multiples. Se référer à ces textes pour les reproduire est contraire à la religion, à la foi qui doit se vivre dans la culture du pays. « Il y a des cultures qui conçoivent que manger du chien va de soi et nous nous ne pouvons même pas l'imaginer... » en résumé la foi est une pratique à adapter à la culture et aux lois du pays dans lequel on vit.

Suite à l'interpellation d'une personne qui se revendique ancien catholique pour mettre en évidence que le comportement des migrants durant le XXe siècle n'avait pas posé de problèmes majeurs, ce qui n'est pas le cas des musulmans...l'imamrevenait pour résumer sur l'idée que la religion musulmane s'était cons- truite pour des musulmans dans des pays musulmans. Aujourd’hui, la crise, la mondia- lisation, les guerres, la misère provoquent des migrations. C’est pourquoi les musulmans doivent s'adapter aux cultures des pays qui les accueillent, au risque de disparaître. D'autre part, les frus- trations, la pauvreté sont liées au contexte social qui nécessite d'autres réponses sociales pour une société plus juste. Ce qui n'est pas codifié par la loi, ce sont les négociations et les arrangements qui doivent se construire avec les acteurs sociaux et élus de terrains, pour le bien vivre ensemble. Enfin, le fait religieux doit être enseigné à l'école de la République et de la laïcité. Un deuxième imam intervenait sur la gestion de la visibilité de la pratique religieuse dans l'espace public, M. Mamoud Doua, imam de la mosquée de Cenon, ainsi qu'un adjoint au maire de Bordeaux, sur la pratique d'une collectivité́ à l'égard de la pratique de l'islam, avec les dispositifs dans le contexte actuel, face aux dérives...La richesse du thème et l'apport des intervenants auraient mérité un débat plus long encore...en tout cas, cela mérite une suite.